La série renversée entre Allauch et les Bellons

Il s'agit d'une série renversée avec des terrains du Portlandien au Cénomanien. Le renversement se fait vers le NE avec des pendages assez variables compris entre 30o et 60o vers le SO pour une direction moyenne N110.
Aux abords de la grotte des Pestiférés, les relations de la série renversée avec l'autochtone s'observent assez bien. Il faut distinguer un Cénomanien renversé chevauchant un Cénomanien autochtone. Dans une petite grotte située sous celle des Pestiférés, une zone de cisaillement plat avec figures de poissons sigmoides correspond à ce contact. Les directions de stries sur les plans de cisaillement donnent une direction N20o. Les sigmoides sont intensement stylolitisés et striés, mais le calcaire cénomanien est toujours reconnaissable (Calcaire à radiolitidés). Stratigraphiquement, ce Cénomanien ne correspond pas exactement à celui de l'autochtone. Le Cénomanien de la série renversée est de type " récifal " alors que le Cénomanien autochtone est laguno-saumâtre (marnes ligniteuses et calcaires à huitres et Préalvéolines) (PHILIP J. 1970). En dépliant, il faudra donc ramener le Cénomanien renversé dans une position plus méridionale que celle du Cénomanien autochtone.
Dans la grotte des Pestiférés, la superposition de l'Urgonien à l'Aptien (par l'intermédiaire d'une surface de chevauchement N90 25N avec des stries N20o) et de l'Aptien au Cénomanien s'observe parfaitement. Cet Aptien est de type " siliceux " et il est absent sur l'aire centrale du massif d'Allauch. Cette présence d'Aptien nous indique qu'il faut ramener la série renversée d'Allauch dans une position paléogéographique située plus au sud que l'Aptien, lui même situé plus au sud que le Cénomanien.
En s'appuyant sur le dépliage minimum proposé pour l'écaille aptienne de Simiane-Mimet, on est donc conduit à la " tirer " un peu plus en arrière afin que les différents lignes isopiques puissent s'aligner dans une même direction.
 

La série renversée entre la treille et le jas de fontainebleau

La série renversée est ici réduite à une barre de calcaire valanginien. Ce calcaire affleure sur le chemin des Bellons, au nord de la Treille et dans le village de la Treille. On peut y observer une surface de faille subhorizontale très polie avec des cannelures de direction N155.
Le contact entre les séries entraînées et l'autochtone passe à l'Est, au sud des barres de St-Esprit, où l'association Aptien sur Valanginien s'observe parfaitement. La barre sommitale de St-Esprit est constituée par des calcaires valanginiens reposant par la tranche des bancs sur de l'Hauterivien autochtone. Une écaille de calcaire turonien s'intercalle en partie entre les calcaires valanginiens et l'autochtone, démontrant parfaitement le chevauchement (GUIEU 1968).
La barre sommitale de St-Esprit a valeur de klippe puisqu'elle est séparée par quelques mètres d'Hauterivien autochtone de l'association Valanginien-Aptien para-autochtone.
Le fait que, dans cette zone, l'aptien est systématiquement associé au valanginien peut s'expliquer par le jeu d'une paléo-faille normale située plus au sud (dans la position originelle de cette série) (GUIEU 1968).
Cette paléo-faille (c'est. à dire formée avant le chevauchement) à regard sud expliquerait finalement cette anomalie à la règle qui veut que, normalement, ce sont des terrains plus vieux qui chevauchent des terrains plus jeunes.
Cette anomalie se retrouve aussi dans les rapports entre l'unité du Bec-cornu et l'autochtone.
Ensuite vers le Jas de Fontainebleau, le calcaire valanginien disparaît. L'Aptien à faciès siliceux accompagné de Cénomanien se développe et les séries para-autochtones redeviennent importantes.

La série renversée entre le Jas de Fontainebleau et les Gavots (unité du Bec-Cornu)

L'unité du bec-cornu est constituée de deux écailles synformes (Fig 46).
L'une est à coeur aptien avec un flanc méridional urgonien cisaillé par des failles subhorizontales.
L'autre est à coeur Cénomanien-Albien supérieur et chevauche la première unité synforme vers le nord.
Il faut noter que (surtout dans la première unité et dans les calcaires marneux bédouliens) s'observent des microdécrochements délimitants des couloirs de cisaillement où des figures de poissons sigmoides indiquent un sens senestre de direction N40o environ. Ces structures témoignent du jeu de la faille des Gavots qui s'effectue dans le même sens. Il faut admettre que lors de sa progression vers le nord, la nappe a buté contre un paléorelief (la bordure méridionale du massif d'Allauch) et les unités qu'elle a entraînées traduisent ce blocage par le jeu de décrochements parallèles (GUIEU et TEMPIER 1985).
L'existence de ce paléorelief se retrouve d'ailleurs dans l'anomalie que l'on constate : l'unité du Bec-Cornu est constituée de formations plus jeunes que celles qu'elle chevauche. Et même au sein de l'unité du Bec-cornu, les formations du second synclinal sont plus jeunes que celles du premier synclinal, que le second chevauche.
On conçoit ainsi que les séries entraînées se sont accumulées au bas de ce paléorelief et qu'elles ont coulissé le long de ce dernier, comme en témoignent les microdécrochements N40o senestres. Le franchissement du paléorelief par la nappe est attesté par la présence d'une klippe au nord de l'unité du Bec-Cornu, le pli couché du Garlaban d'axe NE-SO. Cette direction n'est pas incompatible avec les décrochements N40o. Lors du franchissement du paléorelief par l'unité qui donnera le pli du Garlaban, un pli dont la vergence est grossièrement normale à l'orientation de la bordure du paléorelief peut se développer. On peut comparer ce dispositif au franchissement d'une rampe oblique par un pli passif.
 

Mise en évidence d'une paléotopographie

Les klippes de para-autochtone que l'on observe sur l'aire centrale scellent, en quelque sorte, la paléotopographie au moment du recouvrement.
Le pli du Garlaban repose sur des calcaires hauteriviens.
Un lambeau de calcaire turonien entraîné nous indique qu'il devait affleurer plus au sud. Le même dispositif se retrouve aux barres de St-Esprit. Sous la barre valanginienne para-autochtone, un affleurement de Turonien (GUIEU 1968) superposé à l'Hauterivien autochtone démontre le recouvrement du Valanginien à l'Hauterivien.
Par contre, ailleurs la surface de chevauchement peut avoir été érodée. Toutefois le contact entre l'autochtone nous indique l'allure générale de la paléotopographie avant le chevauchement. Ainsi la présence de Cénomanien entraîné sous la série renversée nous indique que vers l'ouest le Cénomanien devait affleurer alors qu'à l'est, l'Hauterivien formait de larges affleurements et que, plus au sud, du turonien (celui entraîné sous les klippes) affleurait.

 Tous ces faits peuvent être synthétisés par un schéma figurant la position originelle des séries entraînées (Fig.47). Ce dispositif est certes très hypothétique, mais il tient compte des faits connus.


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