Rapport entre l'autochtone, l'écaille de Gardanne et l'écaille de Simiane-Mimet.

On peut schématiser les relations structurales entre ces écailles et l'autochtone en appliquant quelques règles structurales.
Les règles structurales sont les suivantes :
1) Les chevauchements sont conformes à la règle qui stipule que normalement le long d'une surface de chevauchement, des couches plus vieilles chevauchent des couches plus jeunes.
2) Les surfaces de chevauchement remontent dans la série stratigraphique dans le sens du déplacement.

Avec un ensemble initialement horizontal, on obtient la figure 40 qui reconstitue schématiquement les rapports initiaux entre ces écailles.
Mais il faut tenir compte qu'avant l'écaillage de l'autochtone celui-ci était déjà structuré.
Plus précisément au Bégudien (Maastrichtien) se sont érigés des reliefs liés à des plissements des bordures du bassin de l'arc, qui ont alimenté ces bordures en brèches.
De plus, il faut remarquer que l'homogénéité dans la constitution stratigraphique de chacune des écailles est remarquable. Une écaille ne contient jamais de formations du même âge que celle qu'elle chevauche.

C'est d'ailleurs une raison essentielle qui fait que le dépliage proposé est minimum :
1) Il n'est pas possible de raccorder précisement et directement ces écailles. Elles ne présentent pas de point de recoupement commun dont l'un serait le vis-à-vis de l'autre.
Et de plus, la base de l'écaille frontale est plus haute (d'un point de vue stratigraphique) que le sommet stratigraphique de l'écaille dorsale.
2) Le plat ou la distance entre chaque écaille peuvent être plus grand.

On est donc conduit à proposer un autre schéma qui tient mieux compte des données observées. (Fig.41)
L'écaillage se fait sur une paléotopographie dont les couches devaient penter faiblement vers le nord (la largeur d'affleurement de l'écaille de Simiane-Mimet reconstituée étant de 3,5 km, l'épaisseur des formations qu'elle contient de 200 m, on obtient une pente, certes très faible, mais de 3 degrés).

Mais l'introduction d'une paléotopographie nous évitera de faire intervenir des volumes qui n'ont pas existé (qui ne se sont pas déposés), par exemple les formations bégudiennes, ou qui n'existaient pas au moment de l'écaillage, le Valdo-fuvélien au dessus de l'écaille de Simiane-Mimet et des calcaires du Crétacé supérieur marin.

Si les écaillages successifs de ces unités para-autochtones sont présentés sous forme d'un diagramme de séquence du mur, cette paléotopographie peut être mise en évidence de manière plus directe. Du sud vers le nord et successivement, la nappe écaille des formations plus récentes (Fig.42).
En reconstituant ces différentes étapes, nous sommes obligés de faire apparaître au mur de la surface de charriage des niveaux de plus en plus jeunes au fur et à mesure que la nappe se déplace vers le nord et écaille l'autochtone.
 

Le dépliage des unités para-autochtones.

Pour l'écaille de Gardanne, l'amplitude du chevauchement est connue. De plus, il a été établi que cette écaille s'enracine à l'est. Le dépliage obtenu est donc relativement précis.
Par contre pour les écailles plus internes, leur rejet exact n'est pas connu. Nous pouvons seulement établir qu'elles se positionnent les unes à la suite des autres, au fur et à mesure qu'elles sont dépliées.

Le seul critère permettant d'estimer leur position originelle est de se baser sur la position probable de l'écaille apto-albienne de Simiane-Mimet, en tenant compte de la présence de formations similaires dans la Nerthe autochtone septentrionale, à l'ouest, et dans les séries entraînées du massif d'Allauch et de la Sainte-Baume, à l'est.
Ainsi il est probable que l'écaille de Simiane-Mimet s'enracine à l'ouest, vers les Pennes-Mirabeau.
 

Le lambeau de Sousquières.

L'écaille de Sousquières se situe au front de chevauchement de l'Etoile entre la Malle et Simiane. Il s'agit d'une écaille, dont les couches du Dogger à l'Urgonien sont redressées à la verticale. L'épaisseur stratigraphique de ces terrains est de 1500 m, alors que l'épaisseur de l'écaille n'est que de 250 m.
Elle représente l'équivalent oriental d'une série renversée située plus à l'Ouest (la Grande Colle) et en ce sens elle peut se considérer comme une unité issue des bordures du bassin de l'Arc (Nerthe septentrionale autochtone).

Le fait qu'elle ne soit pas renversée pourrait s'expliquer par un pendage initial moins fort malgré le fait qu'elle ait été plus entraînée.
Ce pendage initial, avant l'écaillage, est évalué à 45oN pour une direction O-E (N85o) dans la série renversée de la Grande Colle, en rebasculant la discordance observée entre les brèches Bégudiennes et l'Urgonien de la série renversée (ASSAS 1991).
Cette remarque montre un décalage avec le développement de l'écaille de Simiane-Mimet pour laquelle nous avons déduit un pendage initial très faible (3o).

De plus, nous avons remarqué que le contact plat entre l'écaille de Sousquières et l'écaille de Simiane-Mimet n'est pas déformé.
Ainsi, l'écaille de Sousquières a dû chevaucher l'écaille de Simiane-Mimet après que cette dernière ait chevauché le lambeau de Gardanne.
Ce cas de séquence rétrograde pourrait s'expliquer par un blocage des unités para-autochtones. L'avant-pays ne s'écaille plus et la déformation est transférée vers l'arrière.


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