L'ÉCAILLE DE GARDANNE (Unité VII)

Structure géologique

L'écaille de Gardanne, ou " Lambeau de poussée " de Gardanne (BERTRAND 1898) montre des formations situées dans l'intervalle Valdonien-Rognacien.
Cette écaille est une unité para-autochtone arrachée à la bordure méridionale du bassin de l'Arc.
Elle est limitée au nord par la faille de la Diote qui la met en contact avec le bassin de l'Arc (ou de Gardanne) autochtone.

La faille de la Diote est une surface de chevauchement dont le rejet s'amortit à l'ouest (vers Cabriès). Vers l'est, elle passe à une rampe latérale : la faille de Fontbelle (GAVIGLIO 1985) qui se branche sur la faille du safre vers St-Savournin.
Selon les schémas établis de la géométrie des surfaces de chevauchement (BOYER 1982), la faille de la Diote est une rampe frontale avec un point d'amortissement à l'ouest et une rampe latérale à l'est.
Le point de branchement correspond à l'intersection entre la faille de Fontbelle et la surface de chevauchement dorsale, la faille du Safre. Ce point est purement cartographique et il ne s'observe pas sur le terrain.
Ce point de branchement nous permettra de construire la ligne de branchement enfouie entre le chevauchement de la Diote et celui du Safre.

A la suite de l'exploitation souterraine des lignites du bassin de Gardanne (et du creusement de la galerie à la mer de 1896 à 1906), de nombreuses études ont permis de mettre en évidence (BERTRAND 1898), puis de préciser la géométrie du chevauchement du lambeau de poussée de Gardanne sur le bassin de l'Arc.
Ainsi il a été établi que la faille de la Diote a un plongement de 30o environ vers le sud et celle du Safre de 2Oo vers le sud.
La surface de chevauchement présente une partie en décollement dans les marnes de la base du Valdonien (DESCHAMPS 1966). Les plats du mur et du toit se situent donc à ces niveaux.
Ensuite la surface du chevauchement remonte dans la série avec une morphologie listrique pour donner une rampe qui présente une inclinaison moyenne de 30o vers le sud, avec des variations de 26o à 40o (DESCHAMPS 1966).

Les données microtectoniques (GONZALÈS 1989, GAVIGLIO 1985 ) montrent qu'au point d'amortissement (vers Cabriès) des micro-décrochements sénestres de direction subméridiennes peuvent marquer l'amorce d'une rotation La localisation exacte du point d'amortissement est évidemment difficile à préciser sur le terrain dans la mesure où il marque la limite où la faille disparaît. à partir d'une rampe latérale occidentale présentant un rejet négligeable.
Le long de la rampe latérale orientale des microdécrochements dextres subméridiens expriment le mouvement de rotation de sens direct de l'écaille.

Il faut noter que compte tenu de la puissance des formations de l'écaille, l'épaisseur stratigraphique du lambeau de Gardanne est d'environ 1000 m. L'épaisseur du Fuvelien (300 m) diminue vers le nord (250 m à Fuveau) et vers l'est (150 m à Trets).
Le lambeau de Gardanne représente pratiquement le dépocentre du bassin sédimentaire fuvélien, le point central où la subsidence est la plus forte (Durand 1980). La limite méridionale du bassin de l'Arc au Fuvélien pourrait donc se placer à quelques kilomètres au sud du lambeau, replacé dans sa position originelle (DURAND 1980) (Fig.28).
Mais dès le Bégudien, l'étendue du bassin se réduit sensiblement. La limite méridionale du bassin correspond à peu près à la limite actuelle (DURAND 1980).
Ses bordures méridionales sont marquées par la formation de la brèche des Cadeneaux, témoignant de la crise tectonique " antémaastrichtienne " (DENIZOT 1935) et du démantèlement concomitant de ses bordures.
Les assises valdo fuvéliennes de ces bordures ont dû être alors largement érodées lors de la surrection de ces reliefs et il faudra en tenir compte lors des reconstitutions.

La localisation du point d'amortissement vers Cabriès s'explique, peut être, par les variations d'épaisseur dans le remplissage sédimentaire du bassin de Gardanne (GONZALÈS 1989).
vers l'ouest et le nord de ce point, les formations éocènes sont largement développées et très épaisses (600 m environ). Alors qu'à l'est, l'éocène est pratiquement absent.
La limite d'érosion actuelle de l'éocène correspond à peu près à celle existante avant l'écaillage du lambeau de Gardanne (DURAND 1980). L'épaisseur moindre des formations sédimentaires à l'est du point d'amortissement a pu favoriser la formation de cette écaille par un moindre blocage lors de l'avancée de la nappe de l'Etoile (GUIEU 1968).


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