RÉSUMÉ DE L'HISTOIRE GÉOLOGIQUE (Fig.26).


Nous ferons débuter ce résumé au Trias, dans la mesure où les formations sous-jacentes ne se rencontrent pas dans le secteur étudié.
Le Trias correspond à un régime de sédimentation lagunaire et marin. Aux épisodes de sédimentation lagunaire correspondent les dépots de gypses qui représentent la semelle de la couverture décollée.
C'est dans ces formations que se situent les trois niveaux principaux de décollement à la base de la couverture provençale Trois niveaux de décollement sont distingués : deux dans le Muschelkalk et un dans le Keuper (CARON J-P. 1968). Les sédiments permiens et du Buntsandstein (Trias inférieur) sont adhérents au socle et forment son tégument.

Puis durant tout le Jurassique et le Crétacé inférieur va s'établir un régime de plateforme carbonatée.
Dans notre secteur apparait à l'Aptien-Albien un " sillon " de direction ONO-ESE (MASSE et PHILIP 1976) localisable de la Nerthe autochtone au sud du Massif d'allauch et de la Sainte-Baume permettant d'établir une différenciation paléogéographique avec les mêmes formations situées plus au sud. Au nord de ce " sillon " ces formations manquent.

En effet, au Crétacé moyen vont intervenir des changements paléogéographiques importants avec l'émersion de zones plus ou moins étendues.
Cette " phase " d'émersion, liée à des bombements à grand rayons de courbure, peut être datée de la fin de l'Albien et du début du Cénomanien La notion de bombement s'est substituée à l'ancienne conception d'un isthme durancien unique. Dans une optique actualiste, trois bombements sont distingués pour chaque unité : le bombement de la zone nord provencale propre à l'unité de la Durance, le bombement varois pour l'unité de l'Arc et le bombement sud-provencal pour l'unité du Beausset (ce dernier étant localisé au nord de Toulon, au Revest). Replacés dans leurs positions originelles, ces trois bombements se rattachent, en fait, à un seul bombement : le bombement varois (ROUSSET 1968).

Ensuite une nouvelle transgression s'amorce, installant de nouveau un régime de plate-forme carbonatée, avec des apports détritiques importants, du Cénomanien supérieur au Santonien.
De nouveau une régression généralisée entraîne une émersion et un régime de sédimentation continentale dans des dépressions orientées E-O (bassins de l'Arc et du Beausset). Au Maastrichtien, les premières manifestations de la tectogenèse pyrénéo-provençale apparaissent (DENIZOT 1935).

La couverture commence à se décoller en se plissant, selon une pente globalement inclinée au nord, produisant des plis à regard nord (le flanc nord des plis étant plus redressé que le flanc sud) (LUTAUD 1957).
Ces anticlinaux en cours de surrection et d'érosion vont fournir un abondant matériel détritique (Brêches des Cadenaux).

Durant l'Eocène, juqu'au Lutétien, la sédimentation fluvio-lacustre va se poursuivre. Les déformations majeures liées à la tectogenèse pyrénéo-provençale se produisent au Lutétien supérieur (Bartonien).
Les chevauchements, qui en résultent, traduisent les effets des processus morphotectoniques accomplis depuis le Maastrichtien. Les plis ébauchés et érodés au Maastrichtien se rompent le long de leur coeur où le Trias devait affleurer (LUTAUD 1935).

Le décollement de la couverture se produit par suite d'un chevauchement du socle dont la composante verticale favorise l'apparition d'une pente, au toit du socle, vers le nord.
Cependant, d'après certains auteurs (GUIEU et ROUSSEL 1990), le décollement de la couverture serait uniquement gravitaire (sans poussée arrière). L'influence prépondérante de la gravité avait déjà été envisagée (GOGUEL 1943) en supposant un exhaussement du socle de la bordure septentrionale du bassin du Beausset, notamment à Carpiagne (GUIEU 1967).

La couverture glisse vers le nord et se déchire sur ses arrières. Ainsi, le chevauchement de l'Etoile se détache de l'unité du Beausset, créant une déchirure tectonique à l'emplacement du bassin de Marseille (GUIEU 1968).
Le vide ainsi créé se comble au cours de l'Oligocène, à partir du Stampien, et une puissante sédimentation détritique se localise dans cette dépression (bassin de Marseille). Toutefois la période de mise en place du chevauchement de l'Etoile pourrait se situer dans l'intervalle Ludien-Stampien basal au vu de l'age des premiers dépôts du bassin de Marseille si l'on suppose une sédimentation synchrone de l'ouverture par déchirure tectonique (ASSAS 1991).

Mais, avant la mise en place des chevauchements au Bartonien (à la fin de l'Eocène), la couverture était déjà découpée par un réseau de failles E-O à NE-SO et plissée selon des directions E-O à ONO-ESE (GUIEU 1968, DURAND 1980, GUIEU et TEMPIER 1985, TEMPIER 1987).
L'exemple le plus significatif dans le secteur de l'Etoile est fourni par le massif d'Allauch associé à une paléostructure, héritée des mouvements albo-cénomaniens, au moment de la mise en place de l'Etoile (GUIEU et TEMPIER 1985).
Ce paléorelief était affecté sur ses bordures par des failles normales de direction N40o environ et aurait temporairement bloqué la base de la nappe (et notamment les séries entraînées) remobilisant ces failles normales en décrochements sénestres (GUIEU et TEMPIER 1985).

A la fin de l'Oligocène, des mouvements verticaux se produisent, entraînant le soulèvement en horst du massif d'Allauch.
Les failles du Marseillais à l'est et de l'Amandier au nord témoignent de ce soulèvement, pendant que la couverture charriée, dont il ne subsiste actuellement qu'une klippe (le pli du Garlaban), s'érode, faisant apparaître l'autochtone en fenêtre tectonique.
Le bassin de Marseille est affecté par une distension qui perdure de l'Oligocène à l'Aquitanien (NURY et RAYNAUD 1985).

La glyptogenèse oligocène, en nivellant les reliefs et en comblant les dépressions, prépare une surface d'abrasion marine pour la transgression marine du Miocène (ROUSSET 1975).
La fin du Miocène est marquée par une régression marine dont sont responsables les mouvements liés à la tectonique alpine.

A la période Miocène terminal-Pliocène est attribué un basculement de la Provence vers le sud, inversant le sens d'écoulement de la plupart des cours d'eau (GUIEU et ROUSSET 1980).
Au Quaternaire, des mouvements épirogéniques conjugués à des oscillations glacio-eustatiques pemettent le creusement des calanques.

Enfin, des travaux récents permettent de penser que la Provence dans son ensemble est encore actuellement soumise à une compression subméridienne (PHILIP 1983, COMBES 1984).


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