Ce sont les mêmes que ceux compliquant toute
interprétation tectonique en général.
Peu pris en compte, par définition, par les modèles issus des coupes équilibrées, ils ne doivent toutefois pas être négligés.
Les déformations antérieures, synchrones ou postérieures au jeu d'une surface de charriage doivent être isolées ainsi que les érosions correspondantes.
Leur non-prise en compte peut aboutir à des interprétations erronées. Ainsi à partir des recoupements des horizons stratigraphiques par la surface de charriage ou de chevauchement, les volumes manquants sont reconstitués. Mais ces volumes peuvent avoir été érodés, la surface de charriage au mur représentant alors une surface paléo-topographique.
Si le rôle de l'érosion n'est pas reconnu, le risque est important de conclure à l'existence d'une écaille qui n'a jamais existé ou, du moins, de l'impliquer dans le dépliage à un moment où elle n'existait déjà plus.
La prise en compte d'éventuelles déformations antérieures au chevauchement implique qu'au moment de la création du chevauchement les plats n'étaient pas forcément horizontaux et que le pendage des couches et de la surface de chevauchement ne peut se déduire de l'angle de recoupement entre les couches et les rampes (BUTLER 1982).
Dans ce cadre, il est utile de réaffirmer que la localisation des rampes et des plats obéit plus à une logique lithologique (les plats se situent dans des niveaux incompétents et les rampes dans des niveaux compétents) qu'à une logique « géométrique » (les plats sont horizontaux et les rampes inclinées).
Un critère géométrique simple permet d'aider à affirmer qu'un chevauchement recoupe une série déjà plissée ou qu'il a été déformé ultérieurement.
Cette règle dérive de celle qui énonce que les failles de chevauchement montent vers un horizon supérieur dans la direction de déplacement du toit .
Pratiquement, cela permet, en coupe, d'inscrire de chaque
coté du plan de chevauchement le sens vers lequel le
chevauchement recoupe les couches les plus jeunes (Fig.23).
Si ce sens varie, le
chevauchement recoupe un ensemble déjà
plissé.
Au contraire, s'il reste constant, le plissement est
postérieur ou
synchrone et lié à la formation du pli passif (LISLE
1985).
Aux coupes équilibrées peuvent s'appliquer les
remarques générales inhérentes
à l'utilisation de tout modèle censé
simplifier et reproduire un modèle naturel.
Ainsi modéliser une situation réelle, c'est aussi négliger son caractère spécifique. Mais d'un autre coté, l'abstraction ne peut être poussée trop loin, sinon le modèle élaboré ne traduit plus les traits essentiels de l'objet modelé.
La démarche est donc dans un premier temps d'établir ou de reprendre un modèle relativement simple et ensuite de voir lesquelles des propriétés essentielles sont omises par le schéma final proposé et ainsi le complique.
Dans le cas qui nous intéresse, l'objectif sera donc de confronter les données proprement régionales aux différents concepts et méthodes issues de la notion d'équilibrage. A ce titre, l'intégration de l'influence de l'érosion et de ses conséquences avant, pendant et après les chevauchements est une tâche capitale, ainsi que la prise en compte des données régionales contredisant un modèle de charriage par compression arrière.