LES ÉLÉMENTS STRUCTURAUX (Fig.8).

La position de la surface de chevauchement par rapport à la surface d'érosion permet de distinguer les chevauchements enfouis ou aveugles des chevauchements émergents. Toutefois un chevauchement aveugle mis au jour par l'érosion peut se confondre avec un chevauchement émergent.

Le rejet d'un chevauchement peut diminuer progressivement jusqu'à s'annuler. La ligne, le long de laquelle le rejet est nul, est la ligne d'amortissement. Sur une carte ou sur une coupe, cette ligne produit un point d'amortissement.

L'intersection entre les surfaces de chevauchement forme des lignes de branchement. Un coin représente l'intersection entre une ligne de branchement et une ligne d'amortissement d'une même écaille (DIEGEL 1986).

Selon l'orientation de la surface de chevauchement par rapport à l'écaille ou la nappe qu'elle délimite, on distinguera des surfaces de chevauchements frontales, dorsales, sommitales ou basales.

Les couches sont tronquées par des failles de chevauchement en des lignes de recoupement. Sur carte ou sur coupe, ces lignes donneront des points de recoupements (BOYER 1982).

L'importance du rôle de l'érosion apparaît encore lorsqu'il s'agit d'analyser les relations entre les surfaces de chevauchement.

L'intersection entre la surface d'érosion actuelle et les lignes de branchement donnera des points de branchement, et pour les lignes d'amortissement des points d'amortissement. C'est à partir de ces points que l'on essaiera de représenter l'aspect tridimensionnel des structures.

Il faudra distinguer les écailles entièrement délimitées par des chevauchements de celles limitées par le haut par une surface d'érosion . Dans le premier cas, la surface de chevauchement dorsale rejoint la frontale (ou la sommitale, rejoint la basale). Pour le deuxième type d'écaille, il faudra définir la ligne de front ou d'extrémité de l'écaille (représentant le front de chevauchement). Un empilement d'écailles du premier type définira un duplex et du deuxième type, une imbrication.
 

LES SÉQUENCES DE CHEVAUCHEMENT

Pour estimer correctement l'évolution tectonique et le taux de raccourcissement, il est nécessaire de déplier les structures dans l'ordre inverse de leur formation (BUTLER 1987).

La différenciation de l'épisode de déplacement d'une écaille ou d'une nappe par rapport au mouvement des autres écailles permet de définir des séquences de mouvement des chevauchements.

Lorsque la propagation du déplacement se fait par un transfert sur une nouvelle surface de faille dans l'avant-pays, le mouvement est prograde (MUGNIER 1988). Il implique que les surfaces de chevauchements devenues inactives sont transportées passivement par le déplacement de l'écaille frontale et, qu'au franchissement de la rampe active, ces surfaces vont aussi se déformer (Fig.9).

Par contre, si les écailles ou les nappes les plus récentes se forment vers l'arrière pays, le mouvement est rétrograde. Ce type de mouvement peut s'expliquer, par exemple, par un blocage du à un paléo-relief ou un épaississement, situé vers l'avant-pays, de la couverture.

Si toutes les écailles se forment successivement dans un même sens, la séquence est dans l'ordre. Les séquences dans le désordre mélangent les deux types progrades et rétrogrades.

Le cas où une surface de chevauchement en recoupe une autre permet de définir des séquences de recoupement. L'intersection entre un chevauchement et un autre qui le recoupe ne sera pas une ligne de branchement, mais donnera deux lignes de recoupement de chevauchement de part et d'autre du chevauchement recoupant (BUTLER 1987).

Ce type de séquence permet aussi d'expliquer certaines superpositions normales le long d'une surface de charriage (Fig 10).

Un diagramme de séquence du toit permet d'étudier et de présenter aisément les écaillages successifs du mur, ainsi que les variations latérales des unités chevauchantes.

Ce type de diagramme se construit comme une série de coupes longitudinales perpendiculaires à la direction de déplacement. Chaque coupe représente une étape dans la mise en place de la nappe et des écaillages qu'elle entraîne (Fig.11).

La détermination de la géométrie des structures chevauchantes est donc le résultat de l'application d'une classification des éléments géométriques, basée sur leurs rapports mutuels et permettant de les reconnaître et de les reconstruire.

Les règles énoncées ci-dessous découlent pour une grande part de cette classification.

Ces règles ne peuvent être toutes utilisées dans une situation donnée puisqu'elles requièrent des informations qui ne sont pas toujours disponibles.

Il est bon toutefois, d'en dresser un inventaire qui, je l'espère, ne sera pas trop incomplet.


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